Je vous ai aiméEs du mieux que j’ai pu. Je me suis aussi laissée aimer du mieux que j’ai pu, malgré toutes les barricades que j’ai pu ériger autour de moi, pour le meilleur et pour le pire.
Heureusement, ces barricades sont –enfin— tombées.
Je ne me suis jamais sentie aussi libre et aussi vivante. qu’aujourd’hui, où j’ai l’ultime privilège de décider du moment où je franchirai la route qui me mène vers la Cinquième saison des aurores boréales.
Saison du pardon que je sais que vous m’accorderez pour le mal, la peine et la douleur que je n’ai pas manqué de vous infliger, la nature humaine étant ce qu’elle est.
Saison des amours et amitiés magnifiées par l’approche de ce moment unique où je vous quitte dans la gratitude absolue d’une vie passée à croiser des femmes et des hommes exceptionnels.
Serais-je devenue l’adolescente, la jeune femme et jusqu’à la grand-mère que je suis sans avoir été littéralement guidée par le guidisme qui m’a permis de renaître à moi-même ?
Aurais-appris (et fait apprendre aux filles, excusez-la!!!) le bonheur de sculpter un texte pour défendre une cause ou célébrer la vie si on ne m’avait pas offert de joindre l’équipe de la revue Relations?
Aurais-je été aussi résiliente, à 20 ans, que cette femme victime d’inceste à répétition par son beau-père et ses sept frères et qui m’a raconté son histoire pour le projet Extrême pauvreté, maternité et santé?
Aurais-je… La Société d’habitation du quotidien, L’Autre Parole, le projet Naître égaux-Grandir en santé, le Domaine de l’Adiante à Bolton, le Tableau de bord des communautés de l’Estrie, la Chaire de recherche du Canada Approches communautaires et inégalités de santé à l’Université? la Maison d’Aurore, Le projet PARI dans la Petite-Bourgogne, l’Itinéraire le Studio de musique ancienne de Montréal. Aurais-je…, aurais-je…
J’en passe, il y a trop de ces rencontres qui m’ont passionnées toutes ces années…
Mes amours, mes filles, mes petits-enfants, vous êtes mon éternité. Continuez de rêver à vos propres aurores boréales. Osez être profondément fidèles à vous-mêmes.
Et continuez, de grâce, à faire advenir un monde où on n’aura plus besoin de faire la guerre, un monde où on n’aura plus besoin de blesser la terre, un monde où les femmes ne seront plus juste putains, vierges ou mères.
Je pars sans mon sac à dos et ma guitare, cette fois. Mais sans regrets, et le cœur prêt à exploser d’amour et de bienveillance…
Je vous aimerai toujours.
Gigi, 6 avril 2023