NOS LANGUES nos langues ne se touchent plus le bleu de nos yeux ne se mêle plus nos nuits sont désertées nos retrouvailles sont sans fête un univers entier se trouve entre nos regards nos élans sont vides un long silence s'est installé entre nous un silence noir comme une nuit où tu refuses de marcher sans veilleuse un silence blanc comme une page où mon crayon refuse de s'aventurer par lui-même longue étendue que mes bras longs ne réussissent plus à couvrir le pourraient-ils qu'il faudrait encore m'écorcher les doigts pour escalader un long mur froid un long silence insensé un silence sourd comme le dernier mot qui l'a engendré un silence lourd comme le premier mot qui va le briser long cri de ma tristesse de ma colère de mon désespoir qui ne trouvent pas de mots le pourraient-il qu'il faudrait encore savoir comment les conjuguer aux différents temps de notre amour un long silence insoutenable un silence de glace comme une mort qui m'engourdit un silence de feu comme l'instant où tout s'est mis à exister longue attente où je n'ai plus de position en trouverais-je une qu'il me faudrait y renoncer tant la douleur réduit chaque seconde à une longue éternité que valent ces lignes imparfaites mots injustes qui hantent chaque instant loin de toi même quand tu t'y trouves mots maladroits qui trahissent mes pensées embrouillées Été 2003