JADIS ON SE RENDAIT jadis on se rendait dans les entrailles de la terre à la rencontre des disparus ulysse ou orphée défiant l'interdit chaque feuille de papier est une porte que j'emprunte pour rejoindre mes morts je plie j'écris je noircis dans une absurde nekuia mais toi quand tu descends sous l'étage de notre ordinaire assise sur ton tapis tu navigues jusqu'à l'intérieur de toi pour rejoindre ton moi vivant tu gravis les étages de ta tour pour saluer chaque feuille qui y pousse sous une couronne de soleils tu as établi ton royaume un chou très ancien te sert de trône tu règnes sur la variété tes festins s'illuminent de tous les tons de vert tu grimpes au pommier pour y cueillir des fruits inattendus ton geste est répété en suivant le chant d'un groupe de mésanges et tu te plonges dans leur joie dans la ville de tes ancêtres tu entres dans un édifice d'un autre âge ses toitures multiples se rencontrent en autant de noues par où s'écoule l'ondée matinale tu montes jusque sous les combles la lumière y pénètre par les nombreuses lucarnes dont les joues sont gonflées de bons souvenirs tu diriges ton regard dans chacune d'elles elles donnent toutes sur le même paysage mais tu veux le voir sous différents angles comme pour t'en faire une idée plus complète tu élèves maintenant ton esprit pour aller voir au plus profond des êtres la part de nuit la part de jour pour apercevoir le chemin possible par où chacun chacune de nous saura réconcilier les contraires qui l'habitent je suis sur ce chemin toujours à la recherche des mots que tu attends Pour Suzanne, le 16 février 2024